Depuis 2014, les analyses de la CTIF ont mis en exergue le recours à des schémas de compensation de dimension nationale ou internationale.
Au travers de cette technique, des criminels/fraudeurs disposant d’importantes sommes en espèces qu’ils veulent blanchir sans éveiller de soupçons entrent en contact avec des criminels/fraudeurs qui ont besoin d’utiliser des espèces pour alimenter leurs activités illégales sans attirer l’attention des banques. Pour ce faire, les liquidités sont remises en échange de transferts (inter)nationaux justifiés par des (fausses) factures.
Les dossiers transmis par la CTIF sont caractérisés par des mouvements atypiques relevés sur des comptes ouverts principalement aux noms de sociétés actives dans le secteur de la construction et du nettoyage industriel. Les transactions consistent en des transferts d’ordre de ces sociétés en faveur de sociétés en Chine et à Hong Kong. En Asie, ces fonds sont susceptibles d’être mêlés aux flux financiers liés aux activités commerciales dans le cadre du gigantesque marché asiatique. Les fonds pourraient également uniquement transiter par l’Asie avant de faire l’objet d’autres opérations dont la destination finale se situe ailleurs.
Le cash remis aux sociétés belges, qui consiste en des revenus issus d’activités illicites (commerce sur le marché noir, trafic de stupéfiants…), n’est donc pas intégré dans les flux bancaires. La technique de la compensation se déroule ainsi largement en-dehors du système bancaire classique de sorte que sa détection par les déclarants s’avère peu aisée. Etant blanchis « hors circuit », les fonds générés notamment par d’importants trafics de stupéfiants ne sont dès lors plus détectés dans le cadre du monitoring classique des banques.
La question de la justification économique des opérations se pose néanmoins dans la mesure où les transferts bancaires s’opèrent fréquemment entre des sociétés actives dans des secteurs d’activité totalement différents. Il s’agit dès lors ici d’un élément d’alerte important.
Après reconstitution par la CTIF, les circuits de compensation ont pu être mis en lien avec le blanchiment du produit de diverses infractions sous-jacentes telles que le trafic de stupéfiants, d’êtres humains, de biens et de marchandises ou encore l’escroquerie.